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[Alors que je pensais être un vieux troll pétri]

Alors que je pensais être un vieux troll pétri d’un univers BD stable, voilà que celui-ci s’élargit au fur et à mesure que je découvre des talents pourtant déjà reconnus à juste titre (Marc Antoine Mathieu, Christian de Metter, Battaglia…), quel insondable et irrésistible plaisir que de se laisser ainsi porter par le vent de la découverte, brise bretonne indispensable à mon bien-être, ainsi l’album du jour m’a enveloppé, il y a quelques temps immémoriaux, d’une bienveillante sérénité, dans laquelle je laisse désormais mon esprit se prélasser langoureusement…

« Quand souffle le vent » nous offre une histoire loin d’être manichéenne en nous présentant une peuplade du nord de la France sous un trait réaliste, bien loin de l’image idéaliste et bon enfant que voudrait nous servir un certain cinéma populaire… Et tandis que nos esprits sont également tourmentés par quelque médiocre discours sur une vaporeuse identité nationale ainsi que par la vision d’une gestion technocrate des communautés humaines, cet épisode BDesque nous rappelle justement les rapports insidieux qui unissent la maréchaussée à l’appareil politique et celui-ci à quelques intérêts privés, tout cela associé à une fuite des responsabilités, nous proposant une aventure se déroulant sur fond minier au début du siècle dernier ; ainsi vont s’y cotoyer des personnages aux horizons diversifiés et s’y confronter ceux-ci au travers de leurs certitudes respectives.

Il est bon de se laisser guider au fil de cette épopée en y découvrant les protagonistes principaux si proches de l’ordinaire et de l’extraordinaire à la fois ! Ce récit nous dévoile également une humanité stagnante, renvoyant finalement le lecteur contemporain à s’interroger sur son propre environnement, car finalement en un siècle de distance il n’y a pas plus d’intelligence ni de raison… Les auteurs de cet ouvrage inviteraient-ils ainsi le public à laisser voguer son regard vers une raison universelle, même s’il est probable que celui-ci en soit déjà forcément pourvu, du fait de son judicieux choix de lecture ?



Afin d’assister cette libération, il est appréciable de voir les vignettes quitter d’elles-même leur droiture marmoréenne habituelle, ce au gré du trait graphique d’une féérique dextérité de la part du dessinateur ( Cyril Bonin ), ce prodige dispensant une lumineuse colorisation au service de cette magique fiction ( Laurent Galandon ), me ramenant immédiatement en mémoire la brillante série Fog ainsi que le jubilatoire épisode de Quintett signé de la même griffe !
Il est temps de laisser reposer notre ami(e) internaute et de clore ce monologue éreintant aux sensibles oreilles de hobbits, les Coinçeurs de bulles vous souhaitant un bon voyage au gré de cet ouvrage qui s’offre allègrement aux vents de l’esprit !

N.B. : les propos tenus ci-dessus n’engagent que le seigneur à rousse pilosité barbue, auteur de ces quelques lignes, aussi même si ce talentueux, fabuleux et irrésistible scribe aura pris le soin de tourner sa plume de nombreuses fois entre ses doigts, avant d’atteindre ce jouissif résultat, il est probable qu’il se soit parfois perdu dans le tortueux et inextricable labyrinthe de son propre esprit…